jeudi 11 juillet 2013

Faut-il déranger les morts?


Dans le Télérama 3313 du 13 juillet 2013, réponse de Mr Nicolae Manolescu, ambassadeur de Roumanie auprès de l’UNESCO, à une demande faite à la Mairie de Paris par un écrivain roumain et appuyée, semble-il,  par le Gouvernement roumain. « Faut-il rapatrier en Roumanie les ossements de Brâncuși et de Cioran ? 

Vaste blague ! Pourquoi aller enterrer au fin fond du monde, dans de misérables villages roumains impossibles à repérer sur une carte, les restes de ces deux grandes figures dont les tombes se trouvent aujourd’hui à Paris, au cimetière du Montparnasse ? Pourquoi vouloir les séparer de Tristan Tzara, d’Eugène Ionesco ou de Brassaï, également enterrés là, et ainsi les soustraire non seulement aux grands circuits touristiques européens, mais culturels et artistiques ?... »

 

Son Excellence Manolescu - Apolzan serait-il devenu fou ?

Le pays qui lui paye sans aucun doute, depuis 2006, une rémunération confortable,  est-il à ces yeux le « fin fond du monde » ?

Les villages dans lesquels ont vu le jour Emil Cioran et Constantin Brâncuși, sont-ils si misérables, et si impossible à repérer sur une carte ?

Des endroits misérables se retrouvent, hélas, partout et notamment à Montparnasse même, (autour de la gare par exemple)

Pour celui qui connaît  le village de Rașinari, berceau de la famille Cioran, l’adjectif misérable est le dernier qui vient à l’esprit. C’est un beau village transylvanien.  L’auteur de l’article qui a fréquenté le lycée de Sibiu doit pourtant bien le connaitre.

Quand à Hobița, le lieu natal de Brâncuși, c’est un village oltènien de la commune de Peştişani. A 18 km de là se trouve le  parc de Târgu-Jiu où sont exposées  trois de ses plus importantes créations : la Colonne sans Fin, La Porte du Baiser, La Table du Silence. Cet endroit  pourrait facilement faire partie des grands circuits touristiques européens culturels et artistiques ?

Ces lieux  sont-ils impossible à repérer sur une carte ?  Voyons !

Il ne faut pas séparer Brancusi et Cioran de Tristan Tzara, d’Eugène Ionesco ou de Brassaï ?  Laissons de coté Eugène Ionesco qui a habité Boulevard du Montparnasse une grande partie de sa vie.

Mais Tristan Tzara ?  Parlons-en : né Samuel Rosenstock (1896 – 1963), co-créateur du mouvement Dada et auteur d’une œuvre très confidentielle à mon sens, il a été membre du parti communiste français et a fréquenté les « Fêtes de L’Humanité » tous les ans jusqu'à sa mort, dans la période la plus noire du régime Gheorghiu-Dej.

On n’a jamais entendu une protestation de sa part sur le sort de centaines de milliers de roumains exterminés entre 1950 et 1963.

Et Brassaï ?  Né Hallàsz Gyula (1899 – 1984) en Autriche-Hongrie, il n’est même pas sûr qu’il parlait le roumain.

 

Cela étant dit, je pense  aussi  qu’il faut laisser les morts en paix, là où ils se trouvent, et ne pas les déranger pour des raisons nationalistes ou d’orgueil national mal placé.